Toute peinture, et pour prendre la vue de Sirius, tout art qui a besoin d’un apparat critique, d’une exégèse, d’un commentaire, d’un additif herméneutique ou d’une logorrhée explicative, n’est pas une peinture, n’est pas un art plastique. Au mieux, ce peut être le signe gestuel d’une intention cryptée (on se souvient de la peinture exécutée par un âne, à qui les auteurs avaient attaché un pinceau à la queue) ; au pire, c’est l’objet d’une gesticulation cérébrale manuellement chosé. Tout n’est évidemment pas permis. Le tout est permis est l’empire de la facilité, de la banalité qui fait de la retape à l’œil. Ce qui détermine le génie, c’est la limite qu’il s’impose, sa discipline. Sans difficulté, l’homme est plat, bas, bavard. Il trompe, il dupe. Être peintre, simplement peintre, mais entièrement peintre, c’est oser être soi-même, c’est mettre à chaque peinture sa vie en jeu. Peindre, c’est courir un risque. Mais surtout, être soi-même c’est savoir demeurer modeste, en n’écoutant aucun des chants de toutes les sirènes qui en tout temps sévissent en tous lieux.