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          « […] Des bras qui restent pudiquement à demeure, le long de mon corps. Mais des bras qui sont tendus vers toi, qui sont ouverts comme sont ouvertes mes lèvres et ta femme tout entière…  Que tu dédaignes. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Suis-je laide jusqu’au crève-cœur, suis-je bête à te faire peur, suis-je niaise parce que je revêts ma nudité d’une robe ou d’une jupe, d’un corsage ou d’un chemisier, parce que j’en brode moi-même les cols ronds de fleurs jaunes ou bleues ?  Crains-tu donc que mon amour t’envahisse, t’asphyxie, te ligote comme dans une camisole de force, qu’il soit un frein à la roue de ta fortune, qu’il soit une paille dans l’acier de ta carrière, qu’il soit une chaîne, une laisse, un boulet, un divertissement, un oiseau de paradis qu’il faut nourrir et abreuver jusqu’à sa mort ? J’ignore ce qui te fait m’aimer sans réussir à m’ambitionner ; j’ignore mon tort ; j’ignore même ce sort auquel me voue notre amour. Cet amour, mon chéri, qui ne prend ni n’exige qu’en proportion de ce qu’il exige de lui-même et donne. Or si je me donne sans restriction ni esprit de retour, si je ne veux rien garder pour moi seule, ni mon corps, ni mon âme et pas plus ma parole, mon silence, la jeune fille, la future mère, que sa joie, sa tristesse ni sa beauté, c’est parce qu’il m’est impossible d’aimer à moitié. Je ne peux imaginer un homme, une femme, qui, disant aimer, s’économisent au point de cultiver en sous-main une prudence, une poire pour la soif, cet en-cas pour le cas où, cette odieuse idée de derrière la tête qui prévoit un éventuel après l’amour… Cela ne te fait-il pas penser à ces couples indigents qui après s’être unis de fond en comble, après s’être prodigalement pénétrés, s’être adorablement bouleversés jusqu’au cœur (zone érogène inaccessible autrement que par cette étreinte), se désâment en allumant la télé, en fumant une cigarette, voire en plaisantant à propos de ce qu’ils viennent d’accomplir, ce qu’ils appellent, avec une vulgarité qui violente la beauté du geste, baiser ? Ce culturisme muqueux m’écœure autant que de voir des pattes sales tripoter à plaisir un chef-d’œuvre. […] »  

 

© Guy Brémond, in presque lent.




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Il n’est peut-être pas tout à fait inutile de montrer le visage de l’homme auquel ce blog est consacré. L’esprit ayant besoin d’un support physique, grâce à l’intimité duquel il sait parfaire sa connaissance. La photo ci-contre date des années 1970.

 

 

 

 

 

 

 

 

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