Guy Brémond est peintre et écrivain. C’est d’ores et déjà tout dire. Il faut pourtant parler de lui, puisqu’il demeure caché par le rideau de l’indifférence, qui n’est jamais bien loin de l’ignorance. Parler non pas tant de sa personne proprement dite – qui du reste n’intéresserait guère de monde, trop exonérée qu’elle est de bonds et rebondissements à couper le souffle –, que de son œuvre. Et parler de celle-ci non pas en critique averti, en historien de l’art, en esthète, en spécialiste ou professeur (je ne suis rien de tout cela), mais en homme épris de beauté, de celle qui bouleverse et commotionne comme de celle qui émeut, qui émerveille jusqu’à procurer l’impossible paix et l’inespérable sérénité.
C’est donc à ce voyage intérieur que je convie ceux pour qui l’amour est la source de toute création, ceux qui ne se paient ni de mots ni de farces et attrapes, ceux qui ne craignent ni le froid ni le chaud, seulement la tiédeur et les rodomontades de la rhétorique triomphante.
Je n’ai qu’un avantage : mon amitié pour l’homme me fait coïncider, sinon même si bien m’ajuster à l’œuvre, qu’il me semble parfois (comme on s’identifie au héros d’un roman) la créer en la regardant. Puisse chacun bénéficier d’une telle connivence, et en s’appropriant ce dont il s’émerveille, il naisse pour toujours à soi-même.